Peuple Invisible de l'Océan

Comme un carnet de bord, les photographies de Maéva Bardy nous invitent à découvrir les eaux glaciales des soixantièmes déferlants jalonnées d’icebergs gigantesques et à suivre le labeur méticuleux des scientifiques travaillant de pair avec les marins chargés de mener la goélette à bon port – à terre mais aussi en mer – pour permettre aux chercheurs de réaliser leurs prélèvements et constats scientifiques dans les meilleures conditions possibles.
 
En octobre dernier s’est achevée cette douzième expédition de la Fondation Tara Océan. Lancée fin 2020, la mission Microbiomes s’était fixé comme vaste ambition d’étudier le peuple invisible de l’océan et ses interactions avec le climat et les pollutions. Ces organismes microscopiques, encore mal connus des scientifiques, constituent en effet la pierre angulaire de l’écosystème marin : peuple invisible, mais foisonnant, on estime de 10 à 100 milliards le nombre de micro-organismes marins par litre d’eau de mer. En l’état, nous savons encore très peu de choses sur leurs interactions et sur la manière dont ils peuvent influer sur leur environnement… et in fine, le nôtre.
 
A bord de la mythique goélette dans le sillage des grands navires d’exploration, des biologistes et biogéochimistes du monde entier ainsi que des marins émérites se sont succédés pendant vingt-deux mois pour parcourir l’Océan Atlantique jusqu’aux confins de notre planète. Cette exposition photographique se concentre sur un segment très particulier de cette expédition : la mer de Weddell, à l’est de la péninsule antarctique. L’équipage de Tara  y a étudié l’effet de la fonte des glaces sur la composition d’une mer qui agit naturellement comme l’un des plus grands puits de carbone de la planète. Près de 30 % du CO2 émis par l’activité humaine est séquestré par l’océan – et à lui seul, l’océan Austral capture 40 % de cette quantité -. 
 
Comprendre comment ces différents écosystèmes marins réagissent à la fonte des glaces et aux autres conséquences de l’accélération du réchauffement climatique est d’une importance primordiale pour anticiper les changements auxquels notre espèce sera confrontée. Tandis qu’aujourd’hui la plupart des expéditions océanographiques sont organisées à bord de grands navires ou d’imposants brise-glaces, Tara Océan a su repenser la manière de faire de la recherche fondamentale, et ainsi continuer à explorer notre monde comme le faisaient les navigateurs d’antan.
Vincent Jolly, grand reporter au Figaro Magazine.
 

Maéva Bardy

"Photographe et vidéaste professionnelle spécialisée dans les missions itinérantes, je sillonne la planète depuis bientôt 10 ans. Sur terre comme en mer, je réalise des images pour la télévision internationale, le web et la presse écrite. Le voyage est devenu un mode de vie et le reportage une passion. Depuis 2015, j’ai eu l’occasion d’embarquer à plusieurs reprises sur la mythique goélette de la Fondation Tara Océan. Du fleuve Amazone jusqu’en Antarctique en passant par les canaux de Patagonie, j’ai suivi le quotidien des marins et des scientifiques investis dans leur mission d’exploration du vaste monde sous-marin. Sensible à la nature et à l’environnement, mon rôle de correspondante de bord donne du sens à mon métier. Journaliste scientifique de formation (Master à l’ENS en Biologie Moléculaire et Cellulaire et Master II en Journalisme), j’aime utiliser mes compétences pour sensibiliser le grand public sur les enjeux liés à la connaissance et la protection de l’Océan.
Notre avenir dépend de l’Océan."

La Fondation Tara Océan est la première fondation reconnue d’utilité publique consacrée à l’Océan en France, fondée en 2003 par Agnès Troublé dite agnès b. et présidée par Etienne Bourgois. 
Elle porte deux missions principales : explorer l'océan pour mieux le comprendre et partager les connaissances scientifiques afin de de créer une prise de conscience citoyenne et collective. Depuis 19 ans, elle développe une science de l’Océan de haut niveau, en collaboration avec des laboratoires de recherche internationaux d’excellence, pour explorer, comprendre et anticiper les bouleversements liés aux risques climatiques et environnementaux ainsi que les impacts des diverses pollutions. Pour faire de l’Océan une responsabilité commune et pour le préserver, la Fondation Tara Océan s'applique également à sensibiliser le plus grand nombre à la science de l’océan et à éduquer les jeunes générations. 
Étudier et protéger l’océan c’est prendre soin du système global de notre planète.