Quand Dracula hante le studio 104

Jeudi 11 juin 2015
Quand Dracula hante le studio 104 | Maison de la Radio et de la Musique
Le samedi 27 juin, un concert-fiction va vous emmener au cœur de ce pays mystérieux qui a nom Transylvanie. Dracula en est le prince, et Didier Benetti a composé une partition qu’il dirigera en direct, ce soir-là, à la tête de l’Orchestre National de France.

DIDIER BENETTI, vous avez composé pour Dracula une partition de musique de scène, ou de musique radiophonique, ou les deux à la fois. Il y a soixante ans, elle aurait pu vous être commandée par Henri Dutilleux, qui fut pendant longtemps responsable des illustrations musicales à la radio…
C’est vrai. Quand le projet de ce Dracula est né, on m’a demandé d’en diriger la musique. L’idée, au départ, était de mettre au point, à partir d’œuvres existantes, une partition qui accompagnerait le texte. J’ai objecté qu’il faudrait tellement travailler ces œuvres, les morceler, les abîmer, que le résultat ne rendrait pas justice à la musique. La solution la plus simple consistait à composer une musique originale, et j’ai proposé de le faire.
 
Quelle a été votre méthode de travail ?
J’ai immédiatement compris que l’Orchestre National devait être utilisé à bon escient afin qu'il ne soit pas seulement chargé de produire quelques tapis de cordes ou quelques nappes sonores. En tant que timbalier, je connais l’orchestre de l’intérieur, et je sais qu’il faut qu’il joue des choses intéressantes, pour lui et pour les auditeurs, sinon tout le monde se perd. J’ai travaillé étroitement avec le réalisateur et avec l’adaptateur, afin que chacun y trouve son compte. L’ordinateur m’a beaucoup aidé pour écrire, mais aussi pour me donner une idée sonore du résultat, grâce aux simulations qu’il permet. A mesure que j’avançais dans la composition, j’enregistrais chez moi le texte avec ma propre voix pour me rendre compte du résultat. L’ordinateur est un outil très commode, qui stimule la création !
 
Comment compose-t-on une musique alors qu’il y a tant de contraintes, notamment celle d’un texte déjà écrit, dit par des comédiens sans aucun temps mort ?
Il y a en effet cinquante minutes de musique, pour une heure de fiction au total. La musique est donc omniprésente elle aussi, mais il faut qu’elle compose, si j’ose dire, avec les comédiens et le bruiteur. Il faut qu’elle souligne ce qui se dit, mais parfois s’efface, telle la bande sonore d’un film ; que tantôt elle coule en dessous, tantôt elle émerge.
 
Vous avez composé en réalité un immense mélodrame…
Oui. J’ai tout fait pour ne pas tomber dans les clichés, même si parfois je joue avec eux. Comme l’action se situe en Transylvanie, j’ai essayé de reconstituer un folklore qui rappelle une certaine Roumanie, avec sa nostalgie, ses paysages. La clarinette est l’instrument idéal pour rendre cette atmosphère et réveiller ces souvenirs. Mais je n’ai pas renoncé au contrebasson, qui fait entendre sa voix rauque dans les moments inquiétants ! A la fin, la respiration haletante de Dracula est évoquée par un orgue, mais il n’y a pas à proprement parler de thèmes associés aux personnages.
 
La musique de film est un genre mais non pas un style, de même la musique radiophonique. Quel style est le vôtre dans cette partition ?
Mon style est en général assez classique, tonal, le plus mélodique possible, avec une rythmique soutenue. L’Orchestre National sera réuni presque au grand complet, avec les bois par deux, quatre cors, trois trombones, les percussions, soit environ soixante-dix musiciens.
 
Comment allez-vous aborder votre propre musique en tant que chef ?
Il faut rappeler ici que j’ai signé trois partitions pour trois adaptations radiophoniques successives : Dracula, Au cœur des ténèbres d’après Joseph Conrad, et Alice au pays des merveilles. Les trois fictions ont été diffusées, mais elles n’ont pas été jouées en public ; nous les avons enregistrées dans les conditions du direct, et c’est maintenant seulement que nous reprenons Dracula, dans les mêmes conditions, mais en public. Il faudra que les spectateurs présents entendent dans la salle ce qu’ils entendraient à la radio, mais c’est là une gageure car les équilibres sonores sont toujours différents. Nous avons imaginé, à un moment donné, distribuer des casques dans la salle, pour que les bruitages et les effets d’espace soient perçus au mieux, mais nous avons renoncé à cette idée. Il ne s’agira donc pas d’un concert-oratorio, mais de tout autre chose. Concernant mon intervention en tant que chef, il faut que je parte du principe que ma partition sera un peu mouvante. Dracula sera en effet joué en public et en temps réel, ce qui signifie que, même si tout a été composé en fonction du texte, même s’il y a des moments, dans la musique, qui correspondent à une péripétie précise de l’action, je sais qu’à d’autres moments je devrai adapter le tempo au débit des comédiens. Il s’agira de les laisser aller à leur allure pour les retrouver ensuite à un moment crucial. Le chef doit faire preuve, dans de pareilles circonstances, d’autant de souplesse que de rigueur.
 
Pourrait-on imaginer que vous tiriez une suite symphonique de la musique de ce Dracula ?
Tout à fait. Il suffirait de développer un ou deux thèmes et de condenser quelques épisodes de la partition.
 
Propos recueillis par Christian Wasselin

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