Titre block
Le Grand Hall Palace de Bucarest

Publié le jeu 02/10/2025 - 10:45
Image
Sala Palatului, Bucarest
Sala Palatului, Bucarest
Body

Les 18 et 19 septembre, le Grand Hall Palace de Bucarest (en roumain Sala Palatului) accueille l’Orchestre National de France et son directeur artistique Cristian Măcelaru dans le cadre du Festival Enescu. Deux concerts exceptionnels, le premier avec Anne-Sophie Mutter, le second avec Rudolf Buchbinder… et Ravel en fil rouge.

Nicolae Ceaușescu, ni personne du Parti communiste roumain, ne pouvait imaginer un jour que cette salle, où il a si souvent harangué la foule, accueillerait un jour les plus grands musiciens internationaux. Nichée au cœur de la ville, elle naît du projet de transformation urbaine mettant en valeur les bâtiments du pouvoir communiste dans les années 50. Elle est intégrée au Palais royal, qui abrite également le Musée national d’Art, non loin de la place de la Révolution. Ce carrefour urbain, politique et culturel, est un haut lieu historique : c’est là que les manifestants de 1989 renversent le régime de Ceaușescu.

La Sala Palatului représente l’esprit de l’architecture communiste, imposante et fonctionnelle. Avec ses 4 000 places assises en amphithéâtre, l’intérieur n’a pourtant jamais été pensé comme salle de concert. Elle accueillait jadis les cinq grands congrès annuels du Parti. Une forte charge idéologique et symbolique… Aujourd’hui centre de conférences, elle accueille d’importants événements publics (expositions, congrès, festivals…). Ce lieu est monumental tant par la jauge que par la scène, aux dimensions impressionnantes.

Un voyage dans le temps…

Construit entre 1959 et 1960, le bâtiment allie fonctionnalité et grandeur. Voulu par le secrétaire général du Parti, Gheorghe Gheorghiu-Dej, ce quadrilatère architectural est typique de son histoire. Au goût affirmé pour le gigantisme s’ajoutent le mariage du béton et du marbre, et l’éclairage désuet des néons. Cette salle reflète l’esprit du totalitarisme communiste de l’époque : contrôler la culture et les grands rassemblements. Son style est sobre, gris, massif, avec une façade sans décoration et des lignes géométriques strictes. Si elle accueille maintenant de grandes stars internationales, elle est aussi indispensable au Festival Enescu, s’ouvrant à un large public et au grand répertoire. Le public roumain attend impatiemment nos musiciens ! Rendez-vous les 18 et 19 septembre.

Gabrielle Oliveira Guyon

Titre
Entretien avec Cristian Măcelaru, directeur musical de l’Orchestre National de France
Texte

Vous dirigez une nouvelle fois l’Orchestre National de France en Roumanie, à l’occasion du Festival Enescu, dont vous êtes le directeur artistique depuis 2021. Que ressentez-vous ?

Je suis fier de poursuivre la tradition ! L’Orchestre National de France est fidèle au Festival, à la Roumanie et à la musique d’Enescu. Notre dernier disque (paru en 2024 chez Deutsche Grammophon) confirme le lien culturel puissant entre nos deux pays. C’est toujours un moment très beau et puissant pour les Roumains d’accueillir l’orchestre… d’autant plus avec Anne-Sophie Mutter et Rudolf Buchbinder en tournée avec nous.

Quelles sont les raisons d’exister du Festival Enescu ?

Il y en a deux, fondamentales : continuer de jouer, faire connaître et entendre la musique et le parcours de ce grand génie, mon héros personnel, Georges Enescu. Enfin, rendre accessible, de façon plus large, la musique dite classique au public. Le gouvernement roumain est très présent, et son aide est absolument indispensable pour ce grand rendez-vous. Ainsi, nous jouons dans cette immense salle pouvant accueillir jusqu’à 4 000 personnes.

Et c’est plein tous les soirs ! Avec une jauge trois fois plus importante que celle de l’Auditorium de Radio France…

Ce qui se passe chaque soir dans cette salle est incroyable. Nous accueillons un très grand nombre de personnes aussi parce que les places sont vraiment accessibles (le prix d’un café, parfois !). J’y tiens beaucoup, c’est un levier capital. Depuis quelques années, nous constatons que de plus en plus de Roumains viennent au concert. Chaque année, le Festival Enescu est grandi par cette affluence.

Le Grand Hall Palace, pourtant, à l’origine, n’est pas une salle de concert !

Oui, effectivement, et l’acoustique n’y est donc pas excellente, il faut bien l’avouer. Elle n’a pas été conçue pour accueillir de la musique. Mais c’est là notre défi ! Nous faisons beaucoup d’efforts depuis plusieurs éditions du Festival… en invitant de grands acousticiens venus du monde entier pour voir ce qu’il est possible de faire avec l’existant. Ainsi, sont rajoutés de grands panneaux qui font office de réflecteurs acoustiques pour bien répartir le son. Cela transforme inévitablement l’atmosphère de la salle, mais aussi, bien sûr, la qualité du rendu sonore pour le public… et tant mieux !

Propos recueillis par Gabrielle Oliveira Guyon

Anne-Sophie Mutter - Photo : Kristian Schuller

Titre
Festival Enescu, Bucarest

Rudolf Buchbinder

Titre
Festival Enescu, Bucarest