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Les sacrées présences de Georges Aperghis

Composer une édition du festival Présences autour de la personnalité de Georges Aperghis n’est pas chose aisée. L’occasion de découvrir une nouvelle œuvre pour voix égales à destination de la Maîtrise, un quatuor écrit spécialement pour les Diotima mais aussi des classiques de son catalogue, pimentés de créations françaises et mondiales défendues par une myriade de solistes, le Chœur et les deux orchestres de Radio France.
Poète de l’hétéroclite et de l’inattendu, le compositeur né à Athènes en 1945 imagine depuis maintenant plus de 50 ans, une musique qui sort des cadres, des normes, et qui est tout compte fait, souvent « un peu plus » que de la musique. Pour preuve, il apprend son métier de compositeur autant en allant écouter les concerts du Domaine Musical de Boulez, qu’au GRM de Pierre Schaeffer et en recueillant les conseils de Iannis Xenakis. Plutôt que de réconcilier des frères ennemis, c’est par la perspective du théâtre musical qu’Aperghis se hisse au rang des créateurs uniques et « cultes ».
Iconiques, certaines de ses partitions sont presque plus fameuses que lui-même. On pense ici à ses Récitations, véritable classique de notre temps, qui est désormais entré au répertoire d’un nombre vertigineux de chanteuses, et dont on entendra des extraits pendant le festival (08/02 à 17h). Autre moment marquant si vous appréciez le théâtre musical, on entendra/verra également sur la scène du Studio 104 les Intermezzi du compositeur, véritable portrait en 4D des musiciens de l’Ensemble MusikFabrik.
Comme la partie immergée de l’iceberg aperghisien, la production instrumentale du compositeur s’avère être comme un continent à re(découvrir). Avec pour fil rouge la création française de ses récentes Études pour orchestre (07/02 à 20h et 08/02 à 18h30), le festival proposera un large panorama de cet aspect de la production du musicien, avec pas moins de quatre créations mondiales !
Mais Présences, c’est aussi une grande fête de la musique d’aujourd’hui, avec une importante part laissée à la jeune génération. Impossible de ne pas penser au trublion Aperghis lorsque l’on écoute les œuvres électrisantes de Agata Zubel et Eva Reiter, toutes deux chanteuses et compositrices. Impossible de ne pas penser à « Georges » lorsque l’on écoute et que l’on voit les machines invraisemblables imaginées par Ondrej Adamek, ou le théâtre du quotidien de Mikel Urquiza.
Aperghis en kaléidoscope, sous toutes ses formes !
Thomas Vergracht
