György Ligeti : Les 100 ans d’un géant

Jeudi 7 septembre 2023
György Ligeti : Les 100 ans d’un géant  | Maison de la Radio et de la Musique
Cet automne, l’Orchestre National de France célèbre, en un mini festival, le centenaire de la naissance de György Ligeti. Qui est-il ? d’où vient-il ? et où va-t-il ?  Quelques clés, par son spécialiste français, le compositeur Karol Beffa. 
 
Interrogé en 2001 sur son rapport à Stravinski, Ligeti déclarait qu’il lui était malaisé d’imaginer un seul compositeur de sa génération qui n’ait été influencé par l’auteur du Sacre du printemps. De même, il est difficile de citer un seul compositeur en activité qui n’aurait en rien subi l’influence du musicien hongrois. Sa notoriété auprès du public mélomane n’est pas négligeable. Bien des cinéphiles connaissent certaines de ses œuvres, parfois à leur insu. En 1968, Stanley Kubrick avait utilisé des extraits d’Atmosphères, du Requiem, de Lux aeterna et d’Aventures dans 2001, L'Odyssée de l’espace. Il a ensuite récidivé avec Lontano dans The Shining et Musica ricercata dans Eyes wide shut 
 
Que la musique de Ligeti ait fasciné Kubrick ne saurait surprendre. On sait que le compositeur concevait le processus de composition comme la traduction en musique d’impressions visuelles : « La transposition machinale de sensations optiques et tactiles dans le medium acoustique se produit très fréquemment chez moi. A la couleur, à la forme, à la consistance j’associe presque toujours des sonorités, de même qu’à l’inverse, j’associe à toute sensation acoustique la forme, la couleur et la nature matérielle. » Et Ligeti de mentionner les auteurs et les artistes qui ont influencé ses recherches de compositeur : Lewis Carroll, Borges, Kafka, Jarry, Vian, Queneau ; Piranèse, Mondrian, Klee, Magritte, Escher… Les thèmes qu’ils abordent relèvent des mêmes obsessions : machines, labyrinthes, mises en abîme, problématique du double, concepts d’infini et de répétition… Ils partagent aussi avec Ligeti des traits de caractère : rejet du pathos, attirance pour le rêve, goût pour la logique et ses paradoxes, l’absurde, un humour noir parfois cruel… 
  
Ligeti se réclamait du jazz, de la pop et des musiques extra-européennes. Curieux des expériences musicales de son temps (musique électronique, happenings…) mais se gardant de tout embrigadement, il s’est toujours renouvelé. Son identité stylistique était forte, oscillant entre deux pôles : les clouds, une musique contemplative, fluide, qui repose sur l’harmonie et s’inspire de Debussy ; les clocks, une musique pulsée, hachée, qui repose sur le rythme et s’inspire de Bartók. Si Lontano et Atmosphères sont des clouds, le Concerto de chambre, qui magnifie le principe du mécanisme détraqué, relève du clocks. Quant à son Concerto pour violon, Ligeti s’y autorise l’emploi d’instruments et d’accordages inédits : d’où des climats irréels, faits de rêves prêts à virer au cauchemar.  
 
Il a caressé plus d’une foi l’idée d’écrire un opéra, esquissant une Tempête d’après Shakespeare, et dans ses dernières années une Alice inspirée de Carroll. Le seul qu’il a achevé, Le Grand Macabre, composé d’après La Balade du Grand Macabre de Michel de Ghelderode, est l’opéra de tous les contrastes, mêlant tragique, lyrique, grotesque et carnavalesque. Une danse macabre qui puise aux sources des mystères médiévaux et du théâtre de marionnettes, une farce ironique et grinçante qui n’exclut ni aspirations métaphysiques ni considérations vulgaires. 
 
Karol Beffa 

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