Jocondes du XXe siècle

Mercredi 15 juin 2022
Jocondes du XXe siècle | Maison de la Radio et de la Musique
L’Orchestre Philharmonique de Radio France continue de créer des œuvres nouvelles. Mais il se penche également sur de grandes pages de la seconde moitié du XXe siècle, dont il fait pour nous des œuvres-repères.
 
La liste des créations effectuées par l’Orchestre Philharmonique de Radio France est impressionnante. De Messiaen à Zavarro, il n’a jamais cessé de promouvoir la musique de son temps. Sans remonter à l’avant-gardiste Arcana (1927) de Varèse ou à la néo-classique Symphonie en trois mouvements (1945) de Stravinsky, l’extraordinaire éclatement stylistique du second XXe siècle sera également mis en valeur par le Philhar cette saison. Quoi de plus contrasté dans les années 50 que Troilus and Cressida (« opéra belcantiste » selon Walton lui-même), les Oiseaux exotiques que Boulez commanda à Messiaen pour son Domaine musical, ou les Métaboles de Dutilleux dont le manuscrit est désormais un « trésor national » conservé à la BnF ? Si dans la décennie suivante, le nom de Ligeti s’impose au monde entier (voir notre encadré), l’Américain Walter Piston, jadis élève de Nadia Boulanger (une des « vedettes » de la saison) et de Dukas, se détourne alors de Schönberg qui l’avait inspiré, pour développer un langage plus tonal à partir de son Prélude symphonique.

Viennent alors les fascinantes années 70 ! Les boucles de « musique continue » dans Shaker Loops de John Adams forment une des œuvres les plus libres du minimalisme américain. La notion de musique répétitive est alors partagée, dans un environnement plus spirituel, voire plus sacré, par des compositeurs soviétiques comme Sofia Goubaïdoulina, qui dans son Offertorium déconstruit le thème royal de L’Offrande musicale de Bach. Quelle chance de retrouver cette œuvre sous l’archet de son dédicataire Gidon Kremer ! À Paris, Claude Vivier (« le compositeur le plus important de sa génération », selon Ligeti) vient de composer Lonely Child, « long chant de solitude » sur l’enfance perdue de ce merveilleux musicien, qui fut assassiné à l’âge de trente-quatre ans. Le thème de la mort traverse précisément les Quatre chants pour franchir le seuil de Gérard Grisey, co-fondateur du mouvement spectral, et surtout formidable poète des sons qui s’éteindra peu après ce chant du cygne.

Et aujourd’hui ? Depuis la fin de la Guerre froide, et en ce XXIe déjà avancé, les perspectives de création sont infinies. À l’âge de cent ans, Elliott Carter offre en 2008 à Emmanuel Pahud un Concerto d’une incroyable richesse, que le flûtiste restitue pour nous. Et les modernes ne cessent de revisiter les classiques : Jörg Widmann rend hommage en 2006 à Mozart et aux harmonicas de verre dans son Armonica en apesanteur. De même, Raminta Šerkšnytė, à la demande de Mariss Jansons, cite la Cinquième de Beethoven dans ses incandescents Fires, tandis qu’Olga Neuwirth dialogue avec Mahler, entre fanfares et mélodies klezmer, dans Masaot/Clocks without hands, et que Guillaume Connesson donne un titre digne de Couperin à son Tombeau des regrets.
 
François-Xavier Szymczak
 
 

INSCRIPTION AUX NEWSLETTERSX

Chaque mois, recevez toute l’actualité culturelle de Radio France : concerts et spectacles, avant-premières, lives antennes, émissions, activités jeune public, bons plans...
Sélectionnez la ou les newsletters qui vous ressemblent ! 

Séléctionnez vos newsletters

(*) Informations indispensables

Les données recueillies par RF sont destinées à l’envoi par courrier électronique de contenus et d’informations relatifs aux programmes, évènements et actualités de RF et de ses chaînes selon les choix d’abonnements que vous avez effectués. Conformément à la loi Informatique et libertés n°78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, ainsi qu’au règlement européen n°2016-679 relatif à la protection des données personnelles vous disposez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, d’opposition et de portabilité sur les données vous concernant ainsi qu’un droit de limitation du traitement. Pour exercer vos droits, veuillez adresser un courrier à l’adresse suivante : Radio France, Délégué à la protection des données personnelles, 116 avenue du président Kennedy, 75220 Paris Cedex 16 ou un courriel à l’adresse suivante : dpdp@radiofrance.com, en précisant l’objet de votre demande et en y joignant une copie de votre pièce d’identité.

Conformément aux dispositions susvisées, vous pouvez également définir des directives relatives à la conservation, à l'effacement et à la communication des données vous concernant après votre décès. Pour cela, vous devez enregistrer lesdites directives auprès de Radio France. A ce titre, vous pouvez choisir une personne chargée de l’exécution de ces directives ou, à défaut, il s’agira de vos ayants droits. Ces directives sont modifiables à tout moment.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter vos droits sur le site de la CNIL