Présence végétale à la Maison de la radio
Une constante dans l’histoire de la Maison de la Radio et de la Musique

Des espaces verts dans le cahier des charges de la Maison
Dès l’origine du projet de construction de la Maison de la Radio et de la Musique, l’architecte Henry Bernard s’est intéressé à la végétalisation des espaces. D’abord, parce que son bâtiment devait être construit sur un terrain de sport que les riverains ne souhaitaient pas voir détruit. Pour faire accepter le projet, un paragraphe spécial a été intégré au cahier des charges de la construction, rédigé en 1952 : « La radiodiffusion devra ouvrir au public, aux heures habituelles des squares et jardins publics, la partie de terrain qui sera aménagée en espace vert ». Située du côté de la rue Raynouard, « une partie raisonnable du terrain doit être aménagée en jardins normalement accessibles et de façon à ce qu’il en résulte le moins de gêne possible pour la radiodiffusion ».
C’est ainsi que naquirent les espaces verts de la Maison, entretenus jusqu’au chantier de réhabilitation par un jardinier employé à plein temps par Radio France.

Portiques ou l’écho de la forêt, l’œuvre végétale monumentale de François Stahly
Mais le bâtiment lui-même, massif et principalement constitué de verre et d’acier, dégageait une certaine froideur et lorsque l’architecte commande des œuvres d’art à des artistes contemporains pour habiller les lieux, il demande au sculpteur François Stahly « quatre groupes d’éléments sculptés en bois, de façon à porter là quelque chose de végétal dans un ensemble qui est strictement opposé ». Les grands panneaux de bois appelés Papillons et présents dans le grand hall et la galerie Seine font eux aussi un écho végétal à l’œuvre de Stahly.

Au-delà des jardins et de ces éléments végétaux monumentaux, les plantes vertes avaient finalement peu de place à l’intérieur du bâtiment. Pour preuve, les végétaux de la terrasse du président étaient de petite taille et enracinés dans des pots d’agrégats pierreux assez massifs. Une sorte de reflet symbolique d'une époque où le bâtis triomphait sur la nature.

Le jardin extraordinaire, une préfiguration artistique de préoccupations environnementales
Le jardin extraordinaire » est le nom d’une incroyable exposition végétale qui a eu lieu au printemps 1988 dans la galerie Seine de la Maison de la Radio et de la Musique. Organisée conjointement par Radio France et la Direction des parcs, jardins et espaces verts de la ville de Paris, en liaison avec le Secrétariat d’Etat à l’Environnement, elle avait pour but d’ « alerter l’opinion sur la disparition progressive de nos fleurs sauvages et sur les moyens d’aider les botanistes à y remédier ».
Les jardins avaient été conçus comme de véritables œuvres d’art. « A la fois paradis perdu, jardin secret ou rêve inaccessible, le jardin extraordinaire entraînera l’amoureux des fleurs dans une promenade enchantée à travers une succession de décors végétaux aussi variés qu’inattendus ayant pour thème la peinture, la poésie et, bien sûr – Radio France oblige – la musique. »

Les roses jaunes de France Info
Pour célébrer les 15 ans de la station France Info, dont les logos successif ont toujours contenus la couleur jaune, la direction de Radio France de l'époque a confié au pépiniériste Georges Delbard le soin de créer une rose aux couleurs de la radio. C’est ainsi qu’est née en 2002 la rose France Info®, dont le massif se déployait devant l’entrée principale de la radio porte Seine.
Avec le chantier de réhabilitation, il a fallu retirer le parterre de roses mais les plantes, loin d’être détruites, ont été distribuées aux personnels de la Maison de la Radio et de la Musique qui le souhaitaient. La variété, elle, continue de vivre dans le catalogue du pépiniériste.

Deux nouveaux jardins
L’ancien parking de la porte F a disparu au profit d’un jardin qui s’étend jusqu’à la porte Seine. Cet espace est devenu, aux beaux jours, un lieu de détente et de pique-nique pour les classes en activité pédagogique à la Maison de la Radio et de la Musique, mais aussi plus largement pour le personnel de Radio France, les visiteurs et les riverains. On y trouve également le morceau du mur de Berlin, offert à Radio France par la radio allemande en 2009, lors de la commémoration des 20 ans de la chute du mur.


De l’autre côté du bâtiment, vers la rue Raynouard, des arbres ont également été plantés, mais le chantier de réhabilitation, toujours en cours, ne permet pas pour l'instant d’achever l’implantation de cet espace vert de part et d’autre de l’esplanade.
Un mur en voie de végétalisation
Dans la Nef qui mène de la porte Seine à l’Agora centrale, des plantes tropicales grimpantes ont été installées le long du mur. Grâce au toit de verre et à la chaleur qui en résulte, les plantes ont commencé à grimper le long des filins tandis que les monstera deliciosa voient leurs inflorescences s’épanouir.

Une prairie intérieure
Avec le chantier de réhabilitation, la place des espaces verts à pris une dimension nouvelle. Le végétal n’est plus seulement ornemental, il devient aussi fonctionnel. Les toits végétalisés contribuent par exemple à une meilleure isolation thermique et acoustique du bâtiment. Et si de surcroit, ils permettent aux abeilles des cinq ruches de Radio France de venir s’approvisionner en nectar, la récolte de miel et la pollinisation des espaces verts environnants n’en seront que plus grandes.

Des bureaux verts et des pousses sauvages au gré du vent
Au-delà des végétaux officiels, souhaités et entretenus, de nombreuses plantes vivent, ici et là dans l’enceinte massive du bâtiment. Dans tel bureau, on préfère un rideau végétal au légendaire store métallique bleu ; dans tel autre, ce sont les orchidées apportées en souffrance qui refleurissent.
De petits îlots de verdure s'ajoutent ainsi, grâce à des mains vertes anonymes, au grand ensemble végétal.

Et puis il y a les graines qui, transportées par le vent, trouvent d’improbables interstices d’accueil, comme ici sur l'un des toits des studios.
Ainsi va la vie végétale à la Maison de la Radio et de la Musique !

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Par Hélène Béraud
Avec les collections des Archives écrites et du Musée de Radio France