L’ombre portée d’Olivier Messiaen

Mercredi 3 janvier 2018
L’ombre portée d’Olivier Messiaen | Maison de la Radio et de la Musique
La silhouette de Messiaen, le compositeur et l’improvisateur, l’interprète et le professeur, se profile avec majesté derrière le programme du festival Présences 2018.
Chronochromie est l’une des œuvres d’Olivier Messiaen inscrites à l’affiche de l’édition 2018 de Présences. Chronochromie, c’est-à-dire « couleur du temps ». Mais l’auteur de la Turangalîla, mort en 1992, est singulièrement aujourd’hui dans l’air du temps, et on ne s’étonnera pas qu’il soit présent un peu plus qu’en filigrane dans le programme du festival, un festival qui se penche cette année sur le cas des compositeurs-interprètes et de l’engouement éprouvé, par nombre d’entre eux, pour l’improvisation.

Si l’on veut bien se pencher sur l’itinéraire du compositeur Messiaen, on se rend compte qu’il fut aussi organiste. Dès 1928, le jeune compositeur de vingt ans écrit Le Banquet céleste, première œuvre importante pour orgue, que suivront notamment Les Corps glorieux, dont on pourra entendre un extrait le 11 février prochain sous les doigts de Thomas Ospital. Et dès 1931, le voici nommé organiste de l’église de la Trinité, à Paris, où il officiera pendant plus de soixante années. Officier à l’église, c’est aussi bien sûr improviser, à l’instar, aujourd’hui, d’un Thierry Escaich à Saint-Étienne-du-Mont : « J’aime mon orgue ! Il est pour moi un frère, un fils, et je serais désespéré de m’en séparer ! », s’exclamait volontiers Messiaen. Qui ajoutait, en réponse à ceux que déroutaient ses improvisations : « (Ils) attendaient de moi une musique douceâtre, vaguement mystique et surtout soporifique. En tant qu’organiste j’ai le devoir de commenter les textes propres à l’Office du jour. (…) Prenons simplement le Psautier : croyez-vous que le psaume dise des choses vagues et douceâtres ? Le psaume hurle, gémit, rugit, supplie, exulte et jubile tour à tour. »

Oiseaux virtuoses

Messiaen, si l’on excepte l’orgue, n’a pas mené une grande carrière d’instrumentiste, même s’il éprouvait une dévotion pour les concertos de Mozart que sa seconde épouse, Yvonne Loriod, interprétait avec bonheur. Il lui arriva toutefois de jouer avec cette dernière et de se faire à l’occasion l’interprète de sa propre musique. C’est ainsi qu’ils créèrent ensemble en 1943 les sept Visions de l’Amen, pour deux pianos, dans le cadre des Concerts de la Pléiade.
On ne saurait oublier non plus, si l’on tient au parallèle avec Thierry Escaich, l’activité de professeur qui fut celle de Messiaen : professeur à l’École normale de musique dès 1934 et à la Schola Cantorum jusqu’en 1939, il est nommé en 1941 professeur d’harmonie au Conservatoire de Paris ; il y deviendra professeur d’analyse en 1947 puis professeur de composition à partir de 1966, jusqu’à sa retraite en 1978. On ne compte plus les figures marquantes de la musique de la seconde moitié du XXe siècle qu’il a formées dont certaines, tels
Xenakis ou Levinas, sont inscrites au programme de Présences 2018.
On pourrait aussi s’arrêter sur la manière dont Roger Muraro, fidèle interprète de Messiaen, donne la parole post mortem au compositeur : le 7 février en effet, le pianiste jouera Fauvettes de l’Hérault, une œuvre qu’il a créée au Japon en juin dernier et qu’il a mise au point à partir des esquisses d’un concerto pour piano abandonné par Messiaen au début des années 1960. « Fondée sur des notations d’oiseaux prises dès 1958 dans l’Hérault, l’œuvre révèle de nouveaux chants », explique Roger Muraro. Une question reste entière cependant : à défaut de composer, les oiseaux sont-ils de divins improvisateurs ou les interprètes inspirés d’un chant qui leur est naturel ?

Dominique Tinos
 

INSCRIPTION AUX NEWSLETTERSX

Chaque mois, recevez toute l’actualité culturelle de Radio France : concerts et spectacles, avant-premières, lives antennes, émissions, activités jeune public, bons plans...
Sélectionnez la ou les newsletters qui vous ressemblent ! 

Séléctionnez vos newsletters

(*) Informations indispensables

Les données recueillies par RF sont destinées à l’envoi par courrier électronique de contenus et d’informations relatifs aux programmes, évènements et actualités de RF et de ses chaînes selon les choix d’abonnements que vous avez effectués. Conformément à la loi Informatique et libertés n°78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, ainsi qu’au règlement européen n°2016-679 relatif à la protection des données personnelles vous disposez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, d’opposition et de portabilité sur les données vous concernant ainsi qu’un droit de limitation du traitement. Pour exercer vos droits, veuillez adresser un courrier à l’adresse suivante : Radio France, Délégué à la protection des données personnelles, 116 avenue du président Kennedy, 75220 Paris Cedex 16 ou un courriel à l’adresse suivante : dpdp@radiofrance.com, en précisant l’objet de votre demande et en y joignant une copie de votre pièce d’identité.

Conformément aux dispositions susvisées, vous pouvez également définir des directives relatives à la conservation, à l'effacement et à la communication des données vous concernant après votre décès. Pour cela, vous devez enregistrer lesdites directives auprès de Radio France. A ce titre, vous pouvez choisir une personne chargée de l’exécution de ces directives ou, à défaut, il s’agira de vos ayants droits. Ces directives sont modifiables à tout moment.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter vos droits sur le site de la CNIL