Quand le bon saint Denis accueille la musique

Créé en 1968, le Festival de Saint-Denis propose, au cœur du patrimoine architectural de la ville, des œuvres majeures du répertoire mais aussi des créations. Avec un enthousiasme débordant, le festival, sous la direction de Nathalie Rappaport, ignore une nouvelle fois les cloisons et les hiérarchies pour mettre en avant l’excellence des interprètes et des compositeurs. Il a lieu cette année du 31 mai au 3 juillet : onze concerts en la Basilique de Saint-Denis, cinq au sein de la Maison d’éducation de la Légion d’honneur, un à l’Hôtel de ville.
Si le programme est comme à son habitude éclectique et virtuose, de MC Solaar à la soprano sud-africaine Pretty Yende, d’Ibrahim Maalouf à Sir Simon Rattle, trois formations de Radio France sont elles aussi invitées à participer.
C’est avec l’un des chefs-d’œuvre de Rossini, son Stabat Mater, que Myung-Whun Chung, grand fidèle du festival, ouvre cette 54e édition, le 31 mai, à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, dont il a été directeur musical de 2000 à 2015, et du Chœur de Radio France. Au programme également : le court et fameux Ave Verum de Mozart.
Le 3 juin, la Maîtrise, dirigée par Sofi Jeannin, aura l’honneur de faire partie d’un projet original, Birds on a Wire, imaginé par deux musiciennes : la chanteuse Rosemary Standley et Dom La Nena, chanteuse et violoncelliste, duo qui a laissé un grand souvenir dans la mémoire du public du festival après sa prestation en 2016. Ce nouveau voyage musical, telle une jolie collection de chansons, nous emmènera en Amérique, en Angleterre et en Amérique du sud.
Tandis qu’un récital unique sera donné dans la salle des mariages de l’Hôtel de Ville par le pianiste Jean-Paul Gasparian, cinq concerts du festival se dérouleront au Pavillon de musique dans le parc de la Maison d’éducation de la Légion d’honneur. Cette école construite pour l’instruction des jeunes filles en 1805, sous Napoléon Ier, occupe les bâtiments conventuels de l’ancienne abbaye royale, proche de la célèbre Basilique. Le Pavillon de musique, lui, a été érigé en 1896 ; il est classé Monument historique comme l’ensemble du site. Cette salle accueille chaque année les grands événements de l’institution et abrite des studios de répétition. C’est donc en toute logique que plusieurs grands moments musicaux du Festival de Saint-Denis sont vécus ici, à l’image cette année de la venue de Maria-João Pires, d’Alexandre Kantorow ou encore de Patricia Kopatchinskaja.
La majestueuse Basilique accueillera les autres concerts du festival. N’oublions pas qu’ici la musique a toujours accompagné les funérailles royales, dont celles de Marie-Thérèse d’Autriche en 1683, ou en 1715 celles de son époux, Louis XIV. Construite sur la tombe de saint Denis, premier évêque de Paris mort vers 250, l’abbaye royale de Saint-Denis accueille dès la mort du roi Dagobert en 639, et jusqu’au XIXe siècle, les sépultures de quarante-trois rois et trente-deux reines, dont Pépin le Bref, Catherine de Médicis, ou encore Hugues Capet, Louis XV et Louis XVI. Achevée au XIIIe siècle sous le règne de saint Louis, cette œuvre majeure de l’art gothique reste ainsi la dernière demeure des rois et reines de France.
Gabrielle Oliveira-Guyon