Redécouvrir Pierné
Personnalité musicale éminente de son vivant, Gabriel Pierné reste surtout connu pour son rôle à la tête des Concerts Colonne qu’il dirigea longtemps. Il y défendit la musique de son temps, créa en particulier Iberia de Debussy, mais aussi des œuvres de Louis Vierne, d’Enesco. C’est Pierné qui, à la demande de Diaghilev, assura la création mondiale de L’Oiseau de feu de Stravinsky pour les Ballets Russes en 1910.
Gabriel Pierné était en même temps un compositeur prolixe tant pour la scène que dans le domaine symphonique ou de la musique de chambre : sonates, quintette, trio, mélodies. Il ne laissa qu’un seul Concerto pour piano. D’une structure inhabituelle, l’œuvre commence par un Allegro que suivent deux mouvements rapides. Oublié jusqu’à ces dernières années, ce Concerto pour piano op. 12 fut enregistré chez Chandos par le pianiste Jean-Efflam Bavouzet. Il est ce soir l’interprète de la partition, dont le charme tient pour lui à son absence d’académisme, à sa fraîcheur d’inspiration :
« Cet unique concerto pour piano, dit Jean-Efflam Bavouzet, fait un peu penser à Saint-Saëns surtout dans son deuxième mouvement. Mais je trouve son discours plus ramassé, plus condensé et aussi plus "frais", sans l’académisme un peu pompier qu’on entend parfois chez Saint-Saëns. Pierné n’est certes pas un novateur comme Debussy, mais certaines phrases sont proches de Rachmaninov. Je pense en particulier au deuxième thème du premier mouvement.
« Un peu de Saint-Saëns, deux gouttes de Franck, une touche de Massenet et pourtant il a un langage propre et reconnaissable.
« C’est Chandos qui m’a proposé d’enregistrer ce concerto que je ne connaissais pas, bien qu’ayant vécu mes treize premières années dans la rue qui porte son nom à Metz. Un comble ! J’ai été tout de suite séduit par l’œuvre et poussé par l’enthousiasme je viens d’enregistrer, cette fois à ma demande, ses trois autres œuvres pour piano et orchestre dont un Poème Symphonique absolument magnifique. Sa musique sonne toujours juste et est, en tout cas pour moi, toujours attachante. Ravel disait que la dernière chose dont un compositeur a besoin est la sincérité. Je comprends mais il faut être un génie comme Ravel pour dire cela. Moi j’aime la sincérité d’un Pierné ».
Laetitia Legay-Brancovan
Pour découvrir Gabriel Pierné, il existe de nombreux enregistrements dont les livrets sont l’une des sources documentaires les plus immédiates, parmi ces titres : le Concerto pour piano et d’autres œuvres symphoniques par Jean-Efflam Bavouzet et le BBC Philharmonic sous la direction de Juanjo Mena (Chandos), l’œuvre pour piano et orchestre par Stephen Coombs et le BBC Scottish Orchestra (Hyperion), le Trio avec piano par le trio Wanderer (Harmonia Mundi), la Sonate pour piano et violon par Noel Lee et Gérard Poulet (Arion).
Pour approfondir : Cyril Bongers, Gabriel Pierné, correspondance romaine, Lyon, Symétrie, 2006.
Le concert du 26 février sera diffusé en direct sur France Musique.