Performance de Nicolas Horvàth
24 h de piano-solo non stop en hommage à Erik Satie

Cette performance, durant laquelle Nicolas Horvàth interprète Vexations, débute mardi 30 juin à 20h et s'achèvera le 1er juillet à 20h.
Comprendre l'œuvre de Satie
Le musicologue Nicolas Southon, spécialiste de la musique musique en France aux XIXe et XXe siècles, propose quelques éléments de décryptage :
Vexations, composée en 1893, est l’une des œuvres les plus fascinantes et inouïes d’Erik Satie. Elle consiste en 840 exécutions d’un fragment musical de 152 notes.
Selon le tempo choisi par l’interprète, ce fragment peut durer entre 50 et 100 secondes environ, ce qui porte le temps total d’exécution des Vexations entre 12 et 24 heures.
Cette durée constitue une véritable épreuve pour l’interprète, soumis à une exigence d’endurance et de concentration hors du commun. C’était probablement là une manière d’autopunition que Satie s’infligeait imaginairement, à une époque où il souffrait et se sentait coupable de sa liaison amoureuse impossible avec la peintre Suzanne Valadon (mère du peintre Maurice Utrillo, et alors compagne de Miguel Utrillo). Satie conserva par-devers lui la partition des Vexations, sans jamais chercher à la rendre publique.

Après son décès en 1925, elle devint la propriété de son ami Henri Sauguet, qui voyait dans cette production l’une des nombreuses facéties du musicien plutôt qu’une œuvre sérieuse.
Cela ne l’empêcha pas de la faire connaître au compositeur d’avant-garde John Cage. Grand admirateur de Satie, il fit publier l’œuvre en 1949 et organisa le 9 septembre 1963 à New York la première exécution des Vexations, par une dizaine de pianistes, durant près de 19 heures.
L’expérience fut depuis renouvelée plusieurs fois, le plus souvent par une équipée de pianistes, bien que Satie destinât probablement son œuvre à un unique exécutant. Il arriva cependant que le défi fut relevé : la première européenne des Vexations fut ainsi donnée à Colmar, en juin 1984, par le pianiste Thomas Bloch, durant 24 heures.
Pour Nicolas Southon, les Vexations ne peuvent se comprendre et s’éprouver mieux que dans leur durée : cela suppose de les écouter un temps au moins, de se laisser pénétrer par la torpeur qu’elles suscitent, de consentir à l’ennui et la fascination auxquels elles amènent. « À volonté, pas plus », comme l’écrivait Satie.
C'est donc à un véritable hommage à l'œuvre de Satie que se livre Nicolas Horvàth, dont les perofrmances en l'espèce sont déjà légendaires.