Amor azul, un moment d’allégresse

« À Bahia qui est mon coin à moi
Il y a ma terre, il y a mon ciel et ma mer
Bahia qui passe son temps à dire
Comment faire pour vivre
Là où on n’a rien à manger
Mais où on ne meurt pas de faim
Car à Bahia, il y a la mère Yémanja
Mais aussi le Seigneur de Bonfim
Qui aide les Bahainais à vivre
À chanter, à danser pour de bon
À mourir de joie
Dans les fêtes de rue, les rondes de samba,
Les nuits de pleine lune, au chant de la mer. »
(Gilberto Gil, Eu vim da Bahia, 1965)
Gilberto Gil, dont la carrière est parallèle à l’histoire du Brésil, est l’emblème de la musique populaire brésilienne. Il fut l’un des fondateurs du mouvement artistique Tropicàlia, qui bouleversa les codes de la création musicale au Brésil, puis, plus tard, ministre de la Culture de son pays. Depuis plus d’un demi-siècle, avec son esprit inventif et sa joie combative, il ne cesse de questionner l’identité du Brésil par ses chansons, au rythme de la samba, du reggae, de la scottish, de la capoeira, du baiao, du rock, etc. Son ami Aldo Brizzi, compositeur et chef d’orchestre italien, grand admirateur de Giacinto Scelsi (dont il a enregistré les œuvres), de Sergiu Celibidache et Leonard Bernstein (auprès de qui il a appris la direction d’orchestre), est aussi un amoureux de Bahia, où il habite une partie de l’année, et un passionné de chansons populaires. En 2004, imprégné des rythmes et atmosphères de Bahia, il a fait paraître l’album « Brizzi do Brazil », où il a invité les grands noms de la chanson populaire, Gilberto Gil, Caetano Veloso, Olodum, Carlinhos Brown, Tom Zé et bien d’autres. Ensemble, ils créent Amor azul (« Amour bleu »), opéra chanson. Un moment d’allégresse, de magie, de fête et de joie de vivre irrésistible.
Françoise Degeorges