En visite à l’O.R.T.F

Par sa structure ronde, le projet d’Henry Bernard a permis la construction de nombreux studios de forme trapézoïdale, optimale d’un point de vue acoustique. C’était à l’époque déjà un grand symbole d’excellence. Et dans un quartier où les tours de Beaugrenelle n’existaient pas encore, la Maison de l’O.R.T.F faisait ainsi figure d’originalité et de grande modernité architecturale.
« Encore qu’il ait suffi de trois ans pour la bâtir, elle a mis longtemps à venir au monde - on parlait d’elle depuis des lustres quand on se décida à l’édifier -, elle a coûté assez cher- au jour de son inauguration, en 1963 on calculait qu’on avait déjà dépensé pour elle quelque 40 milliards d’anciens francs-, mais, construction de forme originale, elle est devenue en quelques mois un symbole de Paris, plus spécialement du Paris de demain. »
Des « tours organisés » balisés pour ne pas se perdre
La radio et télédiffusion étaient les nouvelles technologies de l’époque et attiraient à ce titre un public curieux de connaitre l’envers du décor de la fabrication des programmes qu’ils recevaient dans leurs postes.
« Certes, la maison de l’O.R.T.F n’attire point autant de touristes que la tour Eiffel - elle a été conçue à d’autres fins -, mais les curieux sont nombreux qui, profitant des « tours organisés » prévus à leur intention, viennent la visiter sous la conduite de gentilles hôtesses. On ne leur montre pas tout - il y faudrait trop de temps et il serait fastidieux de parcourir des dizaines de studios et des centaines de bureaux-, mais on leur fait voir l’essentiel et, lorsqu’il se retrouve sur le terre-plein du quai Kennedy, le visiteur, s’il ignore encore comment on se repère dans les dizaines de kilomètres de couloirs de la « maison » - il faut des semaines pour être sûr de s’y retrouver - sait comment on y travaille et comment nait une émission de radio ou de télévision. »
La maison en chiffres : une folie des grandeurs
« Rappelons que la Maison de l’O.R.T.F, réalisation de l’architecte Henry Bernard, est une couronne de béton de 500 mètres de circonférence et de 36 mètres de hauteur, au centre de laquelle se trouve une tour de 21 étages, haute comme Notre-Dame, qui symbolise la « mémoire du siècle » : là sont conservés, en effet, 7 ou 8 millions de documents enregistrés, dont les plus anciens peuvent être considérés comme d’authentiques trésors - qui seront particulièrement précieux aux historiens de l’avenir. »
Aujourd’hui, la tour n’est plus la « mémoire du siècle ». Elle a laissé place à des bureaux, des cabines de montages, des services techniques et certains services de documentation, tandis qu’au 22ème et dernier étage, une grande salle de réunion offre une vue panoramique sur la capitale.
C’est l’INA qui possède et gère les archives sonores de l’O.R.T.F et de Radio France. Et si les historiens s’en saisissent dans leurs travaux de recherches, les auditeurs peuvent en entendre régulièrement des extraits dans les émissions des chaînes du groupe, notamment sur France Musique, France Inter et France Culture. Les archives papier historiques sont, quant à elles, versées par Radio France et conservées aux Archives nationales.
Depuis sa réouverture en novembre 2014, le bâtiment réhabilité exerce à nouveau un fort pouvoir d’attraction sur le public. De nouvelles visites ont été conçues et programmées pour répondre à cette demande, avec des offres spécifiques et diversifiées en direction des enfants et des jeunes. La Maison redevient ainsi le lieu de curiosité qu’elle a toujours été, en s’ouvrant désormais à tous les publics.
Découvrez une visite de la Maison de la Radio et de la Musique en 1970.