« Ils font des merveilles ! »
Trois mécènes de la Maîtrise s’expriment

Ils nous disent pourquoi et comment le soutien qu’ils apportent à la Maîtrise permet que voient le jour d’autres merveilles.
1. Jean-Luc Bérard, directeur des ressources humaines du groupe Safran et président des deux Fondations Safran* : « Le plaisir et l’exigence »
Jean-Luc Bérard, quel est le rôle de la Fondation Safran pour la Musique auprès de la Maîtrise de Radio France ?
Notre engagement financier est récent, il a moins d’un an. C’est sur l’aspect de l’insertion que l’incroyable mission de la Maîtrise nous a sensibilisés. La démarche de la Maîtrise, à l’origine très parisienne, et qui petit à petit s’est ouverte en créant le site de Bondy, est remarquable. Ce projet a quelque chose de merveilleux parce qu’il accueille des enfants dans un environnement social qui leur était inconnu. Intégrer la Maîtrise leur permet d’approcher la musique et de connaître des valeurs comme l’exigence et l’excellence que leur demande la discipline du chant. C’est ce projet de Bondy qui a été déterminant dans notre engagement car il concilie insertion et musique. En nous engageant, nous avons la certitude de la solidité du projet et nous sommes heureux d’apporter notre soutien financier pour accompagner toutes les initiatives de la Maîtrise.
À titre personnel, pourquoi avez-vous souhaité vous engager auprès de la Maîtrise ?
J’ai été chanteur de neuf à treize ans, au sein des Petits Chanteurs à la croix de bois et de la Maîtrise nationale d’enfants. Cela m’a énormément plu, sur le plan musical mais aussi humain. J’ai noué des liens très forts avec des personnes que je vois encore régulièrement aujourd’hui, c’était pourtant il y a plusieurs dizaines d’années ! J’ai abandonné le chant mais je suis resté un grand mélomane. Je préside le Festival de l’Orangerie de Sceaux. L’engagement de la Fondation Safran auprès de la Maîtrise reflète tout ce que j’ai appris plus jeune, le plaisir de la musique, l’exigence mais aussi le grand apprentissage de la vie ensemble et de l’insertion par l’art.
* L’une pour l’Insertion, l’autre pour la Musique.
2. Florence Javoy, secrétaire générale de la Fondation du groupe RATP : « Un réel apprentissage »
Florence Javoy, quelles sont les qualités de la Maîtrise qui ont permis que la Fondation du groupe RATP lui apporte son soutien ? Quel est votre rôle auprès des deux sites de la Maîtrise, à Paris et à Bondy ?
Le mécénat entre la RATP et la Maîtrise de Radio France s’est fait à l’occasion des dix ans du site de Bondy. Dès mon arrivée en tant que secrétaire générale de la Fondation RATP, je me suis attachée à ce projet. Je connaissais la qualité de l’enseignement qui est proposé aux jeunes et le merveilleux travail des enfants à Paris, mais accompagner la Maîtrise dans des zones plus difficiles comme Bondy est d’autant plus admirable. Le groupe RATP souhaite soutenir l’accès à la culture pour des personnes qui en sont éloignées.
Que représente la voix pour vous ?
C’est un réel apprentissage, et très sérieux ! Je suis allée sur place, j’ai assisté à une répétition avec des collégiens et à une séance de travail avec des primaires. Le travail des professeurs est admirable. Avec beaucoup de sérieux, ils arrivent à faire entrer les jeunes chanteurs dans le jeu et à les faire se dépasser. C’est très professionnel, mais aussi très humain et à la hauteur des enfants, dans le respect de leur personnalité. J’y ai vu un grand enthousiasme, un état d’esprit d’ouverture et d’adaptation. Avec des moyens simples, ils font des merveilles ! Les professeurs comme les jeunes donnent beaucoup d’eux-mêmes et ont un très bel élan commun. Aller ensemble vers quelque chose de bien… voilà ce que le chant permet.
Que pensez-vous du portail numérique Vo!x ?
Je le trouve génial ! Les ressources font preuve d’excellence pédagogique et elles me semblent complètes, car elles explorent les différents aspects (musique, contexte socio-historique, aide aux enseignants adaptés aux différents âges des élèves) et les différentes étapes de l’apprentissage d’un chant. Proposer une ressource d’une telle qualité, avec un enrichissement régulier, qui plus est en accès libre, est une admirable façon de diffuser largement des pratiques et de partager l’expertise de la Maîtrise avec l’ensemble des établissements qui le souhaitent. C’est à la fois ambitieux, généreux, intelligent, le tout dans une grande simplicité et une grande modestie. Vo!x renvoie au partage et non à une attitude surplombante de l’excellence vers le commun des mortels.
3. Katia Bijaoui, présidente du Fonds de dotation éducation, culture et avenir : « Humilité et philanthropie »
Katia Bijaoui, pourquoi vous êtes-vous engagée en 2018 auprès de la Maîtrise en tant que mécène avec votre fonds de dotation ?
Notre objectif premier est l’insertion professionnelle des jeunes par le biais de la culture. Nous aidons de manière modeste mais très impliquée de nombreux projets culturels et liés à l’éducation. Le projet de la Maîtrise, et particulièrement le site de Bondy qui accompagne des jeunes hors de Paris et loin de la culture, a donné du sens à notre travail et à notre investissement. Nous prônons l’égalité des chances. Pour ce faire, nous suivons les concerts de la Maîtrise, nous rencontrons les acteurs principaux de ce chœur d’enfants et nous nous engageons sur la durée. Nous sommes heureux de le suivre de manière humble et philanthropique, pourrais-je dire.
Vous êtes par définition très sensible à la musique…
Absolument. Nous sommes tous musiciens et mélomanes dans la famille, quels que soient les styles musicaux ! Nous avons même repris une école de musique, à Paris, rue du Cherche-Midi, qui est un espace de rencontre et de partage. La musique est un véritable média d’éducation. La culture et l’éducation, justement, sont deux piliers essentiels dans la vie d’un jeune, surtout dans les quartiers populaires. Radio France est une maison prestigieuse et je suis très sensible au fait qu’elle encourage la mixité, l’échange, avec des talents venus d’ailleurs. Aujourd’hui, accompagner les jeunes maîtrisiens est un honneur car je vois qu’il y a un réel croisement entre les jeunes chanteurs de Paris et ceux de Bondy. Je suis allée au concert d’ouverture de la saison, j’essaie d’assister à leurs concerts dès que je le peux. Maintenant, mon plus grand souhait serait que les publics eux aussi se croisent, celui de la banlieue et celui de Paris !
Propos recueillis par Gabrielle Oliveira Guyon
Le mécénat à Radio France
Rappelons qu’aujourd’hui, le mécénat s’impose comme une source de financement bienvenue, et l’apport des fondations est à cet égard plus qu’appréciable. À Radio France par exemple, la naissance du second site de la Maîtrise (installé à Bondy) ou celle du portail Vo!x, ma chorale interactive, ont été rendues possibles avec l’apport du mécénat. Via la Fondation Musique et Radio-Institut de France, peuvent avoir lieu, à la faveur des tournées, des échanges culturels et musicaux qui ne reposent pas seulement sur une série de concerts donnés d’une ville à l’autre : masterclasses, échanges de musiciens avec les formations musicales des pays visités, programmes pédagogiques adressés au plus grand nombre, etc., aident à la transmission des savoirs, à la meilleure connaissance mutuelle des traditions d’interprétation, comme ce fut le cas lors de la tournée en Chine, à l’automne 2018, de l’Orchestre National de France, ou de l’Orchestre Philharmonique avec le China Philharmonic en octobre 2019. L’accès à la musique, le rayonnement du patrimoine et bien sûr la création : on tient là trois clefs d’une action que l’apport du mécénat peut rendre exaltante.