Présenter un concert
Laurent Valière, monsieur comédie musicale

Laurent Valière, vous êtes connu des auditeurs pour être le monsieur comédie musicale de France Musique. Mais il faut ajouter ce que vous faites en parallèle à France Info sur les séries télévisées…
Nous sommes à la radio pour donner envie, que ce soit dans le domaine de la comédie musicale, du cinéma ou de la télévision. J’ai effectivement une culture qui est plus ancrée dans la pop culture qu’autre chose, mais je me sens plus journaliste culturel que spécialiste. Ma philosophie de la médiation consiste à défendre ce que j’aime et passer outre les influences et le marketing, le tout avec un vocabulaire très simple pour s’adresser au plus grand nombre. Je ne fais pas beaucoup de chroniques pour casser une série. Il s’agit d’une part de dénicher des choses moins connues, et d’autre part de « donner des billes » à ceux qui discutent autour de la machine à café.
En parlant de machine à café : elle est maintenant beaucoup sur internet et sur les réseaux sociaux. Est-ce que cette nouvelle situation influence votre approche de l’exercice ?
Grâce à Twitter, je peux être mis au courant de certaines séries qui auraient échappé à mon radar : nous sommes tellement submergés de séries en ce moment que, en plus de mon rôle de commentateur, je suis également dans un rôle de dénicheur, avec l’aide de ces réseaux sociaux qui me permettent de savoir en temps réel si la série est appréciée, avant même que j’en parle.
Nous avions posé la question des clefs d’écoute pour la musique d’aujourd’hui à Arnaud Merlin. Il est probable que, pour la comédie musicale, le public n'ait pas besoin des mêmes clefs…
La médiation est à faire dans l’histoire de la comédie musicale. Sur France Musique, nous sommes sur un territoire autre que Starmania ou Notre-Dame de Paris. Il y a un travail pédagogique à fournir dès lors que nous sortons de West Side Story et Chantons sous la pluie. Sans pour autant déconstruire la notion de comédie musicale en France, je tiens à montrer qu’aux États-Unis, elle est entendue comme du théâtre musical, avec des librettistes qui soignent la narration, utilisent des tensions et du suspense. Elle n’est pas uniquement pensée comme du divertissement, et la médiation est là pour le rappeler... tout en donnant un éclairage à ces auteurs français plus discrets qui se lancent dans cette école-là aujourd’hui, et qui font plus attention au livret que dans les opéras rock. Quand je conçois les grandes soirées 42e rue, j’essaie de mettre sur scène des chanteurs qui sont aussi comédiens et ne sont pas uniquement là pour chanter de belles chansons. Nous revenons finalement à une tradition française : celle de Lully et Molière !
Propos recueillis par Christophe Dilys