Émilie Munera : « Ne pas en faire trop »

Émilie Munera a fait de la musicologie à l’Université Paris 8, et, ne voulant pas enseigner, s’est orientée vers la communication et l’information à l’Institut français de presse, rue d’Assas. Elle a débuté dans la presse écrite à Piano Magazine, avant de rapidement s’apercevoir qu’elle préférait la communication orale à l’expression écrite. Le choix était alors évident : la radio, avec d’abord un stage à France Inter et ensuite du temps d’antenne sur France Musique.
Émilie Munera, est-il obligatoire d’être musicien soi-même pour parler de musique ?
Je pense qu’il est plus facile de trouver les idées justes, efficaces et transmissibles lorsqu’on connaît la musique de l’intérieur : le tri est plus rapidement fait. Mais il existe des gens qui la connaissent bien sans pour autant réussir à la transmettre ! [rires]
Quel est le principe de votre émission En Pistes ! : faire écouter de la musique ? parler de musique par le biais des sorties de disques ?
Le but est de faire découvrir des interprètes avant tout. Il est très important pour les jeunes artistes d’avoir cette couverture, et il est intéressant aussi pour les auditeurs de découvrir des nouveaux musiciens. Notre angle est celui du disque, car il est bon que la carrière d’un musicien soit jalonnée par des enregistrements. Le disque est différent du concert, il laisse un héritage.
Depuis le temps que vous produisez l’émission avec Rodolphe Bruneau-Boulmier, avez-vous changé de ton ou êtes-vous restés fidèles à vous-mêmes ?
Nous sommes très fidèles à nous-mêmes et surtout très naturels ! Ça s’est senti dès le début, et personne ne changera qui nous sommes. L’idée est de rester bienveillant envers les artistes, tout en étant honnêtes : nous savons ce que représente le fait d’enregistrer un disque, et la difficulté de présenter son travail de musicien… ce qui ne veut pas dire que nous nous empêchons de dire ce que nous pensons ! Nous ne savons jamais ce que va dire l’autre. Nous sommes dans quelque chose de spontané, si bien que nous posons les questions que pourrait se poser un auditeur. Pour l’instant, l’entre-soi ne nous a jamais été reproché !
Racontez-nous vos premières présentations de concert…
C’était sur l’antenne de France Musique, avec quelquefois des concerts enregistrés, d’autres fois des concerts en direct, notamment les concerts des Proms. J’ai ensuite présenté des concerts sur scène à Radio France, ce qui est un tout autre exercice : à l’antenne, nous sommes cachés dans notre studio ; sur scène, il faut affronter le public. Il est très agréable d’être sur scène et de sentir de façon tangible le besoin d’explications naturelles sur les œuvres. C’est une chose de lire le programme, mais c’en est une tout autre d’avoir une voix qui prend en charge l’explication, qui incarne le discours. En outre, j’aime beaucoup le contact avec les musiciens, leur poser des questions sur ce qu’ils ressentent, sur leur appréhension de l’œuvre. Le public est très demandeur de ces informations qui viennent des musiciens eux-mêmes.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui présente un concert pour la première fois ?
Il faut aborder les œuvres naturellement : il n’en faut pas beaucoup pour expliquer une œuvre. Il ne faut pas en faire trop, et il faut que le public ressente le côté “électrique” qu’il y a du côté des musiciens. Le public comprend tout très vite et très bien. Je ne suis pas du tout contre le fait d’ajouter un peu de mise en scène en collaboration avec les musiciens, mais je reste sur l’idée que le plus simple est le plus facile à recevoir. Il y a sans doute des choses à inventer : ma solution personnelle est l’humour et l’espièglerie. Si le public arrive à s’identifier à l’œuvre, au compositeur et au musicien, alors c’est gagné !
Propos recueillis par Christophe Dilys