Enregistrer la musique de Valérian

Solrey, vous avez supervisé l’enregistrement de la musique du film Valérian au Studio 104 de Radio France…
Luc Besson et Alexandre Desplat souhaitaient enregistrer cette partition en France. Devant l’absence de studio suffisamment grand à Paris pour accueillir un orchestre symphonique de plus de 90 musiciens, j’ai évoqué l’idée d’enregistrer à Radio France. Le directeur de la musique, Michel Orier, nous a proposé le Studio 104. C’est ainsi que nous avons pu travailler avec l’Orchestre national de France, réuni au grand complet, auquel se sont ajoutés une quarantaine de membres du Chœur de Radio France. Il nous fallait des techniques aussi performantes que lorsque nous effectuons un enregistrement de musique de film à Londres, New York ou Los Angeles. Nous avons ainsi équipé le 104 d’un important parc de micros, installé des écrans afin que les musiciens puissent voir les images des scènes à mettre en musique, etc. Les équipes techniques de Radio France ont été au-delà de nos espérances.
Les partitions d’Alexandre Desplat sont extrêmement précises, et nous avons tout enregistré à l’image en synchronisant les séquences du film. Alexandre a dirigé l’orchestre comme à son habitude, car il aime être au plus près des musiciens, et depuis la cabine j’ai assuré la direction artistique comme je le fais pour chaque enregistrement.
Quelles sont les qualités du Studio 104 ?
Je connais bien ce studio pour y avoir répété et donné de nombreux concerts en tant que violoniste à l’Orchestre Philharmonique de Radio France pendant presque dix ans. L’acoustique est dense et resserrée, elle sert très bien les qualités de l’Orchestre national : bois et cuivres extraordinaires, percussions exemplaires, avec des cordes qui ont conservé un son français, ce qui est remarquable à notre époque de mondialisation. La cohésion, l’enthousiasme, la jeunesse, la fraîcheur sont les qualités dominantes de cet orchestre. J’ai pu les apprécier de la cabine dans les moindres détails.
Quelles différences voyez-vous entre ce studio et celui d’Abbey Road, à Londres, auquel vous êtes habituée ?
Le Studio A d’Abbey Road est pensé pour l’enregistrement, et non pour accueillir du public. Le son y résonne beaucoup, sans doute en raison de la hauteur de plafond, alors qu’au Studio 104 de Radio France on obtient une sonorité plus dense, plus claire, plus précise. Ce qui n’a pas empêché Peter Cobbin, ingénieur en chef d’Abbey Road, de superviser avec moi le travail que nous avons fait à Radio France. Il m’a dit avoir été subjugué par la salle et par l’orchestre.
Propos recueillis par Christian Wasselin