La Philharmonie de Cologne

Cologne est l’une des étapes de la tournée du Philhar cet automne, avec son directeur artistique Mikko Franck et la violoncelliste argentine Sol Gabetta. Rendez-vous le 27 octobre à la Philharmonie de Cologne, l’une des plus belles scènes européennes.
Depuis 1986, date de sa construction par les architectes Peter Busmann et Godfrid Haberer, la Philharmonie de Cologne est devenue l’une des salles les plus prestigieuses de la scène musicale européenne. Cette notoriété méritée est due à l'atmosphère unique qui y règne. D'une beauté exquise, dessinée dans le style d'un amphithéâtre, pouvant accueillir jusqu’à 2000 personnes, elle a été conçue de façon à fournir une acoustique intérieure la plus parfaite possible et l’une des plus perfectionnées au monde, sans murs parallèles pour éviter tout écho. Des concerts y sont organisés presque tous les jours, et même jusqu'à deux ou trois les dimanches et jours fériés. Il est vrai que la variété des programmes de concerts comprend les grandes œuvres du répertoire symphonique et de musique de chambre, des sessions de jazz, des événements folk et pop, jusqu’à la création d’œuvres d’aujourd’hui.
La Philharmonie est située dans l’un des quartiers les plus vivants de la ville. On y trouve le musée Ludwig, les berges du Rhin, la gare centrale et l’imposante cathédrale gothique (le bâtiment le plus visité en Allemagne). Forcément, il y a du passage ! Des travailleurs, des touristes, des passants… Or, la salle se situe en sous-sol, juste sous la place piétonne Heinrich Böll, lieu hautement touristique. Valises à roulettes, talons sur le bitume, poussettes, adolescents en skateboards et circuit touristique… c’en est trop pour les musiciens ! Car l’isolation entre la place et la salle est bien insuffisante. Les vibrations provoquées par ces passages sont amplifiées et s’entendent de l’intérieur de la salle, que ce soit lors de concerts, de répétitions ou d’enregistrements. Après des plaintes de chefs d’orchestres, d’instrumentistes, de chanteurs et enfin du public, la ville de Cologne cède : elle est obligée de déployer plusieurs gardiens et forces de l’ordre pour condamner la place lors de l’occupation musicale de la salle, et pour indiquer aux passants de faire un détour… ceci 1000 fois par an, soit 3 fois par jour ! Ce dispositif bien sûr a un prix : 100 000 euros par an. Quant à l’idée de refaire l’isolation et changer le revêtement de la place, cela coûterait plus de 10 000 000 euros. De quoi payer des gardiens pendant 100 ans…
Nos musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigés par Mikko Franck et Sol Gabetta peuvent être tranquilles : le public savourera pleinement la délicatesse et l’ensorcellement de leur programme de musique française. Les amours pastorales de Daphnis et Chloé de Maurice Ravel côtoieront son Alborada del Gracioso, influence espagnole tirée de ses Miroirs, le très romantique Concerto pour violoncelle d’Édouard Lalo, et Trois femmes de légendes (« Ophélie », « Salomé » et « Cléopâtre ») de la compositrice Mel Bonis.
L’engagement éco-responsable de l’Orchestre Philharmonique de Radio France
Une tournée ? La question écologique se pose. Et les réponses sur une démarche éco-responsable arrivent. L’envie des musiciens d’aller dans ce sens est largement suivie par la Direction de la Musique et de la Création de Radio France, dont Mickaël Godard, administrateur de l’Orchestre, que nous avons pu joindre. Un des axes importants de ces actions consiste à organiser des Fresques du Climat que certains musiciens animent pour leurs collègues. Plus concrètement, les efforts se font sur plusieurs points : collaboration avec des traiteurs qui ne produisent aucun déchet, repas plus raisonnés et organisation des transports. Ainsi, la dernière tournée de l’Orchestre en Allemagne, au mois d’avril 2023, a été faite entièrement en train (tournée estimée à 16 tonnes d’équivalent Co2, ce qui correspond à 31 700 repas végétariens, ou à l’empreinte carbone moyenne annuelle de 2 Français adultes). Pour cette tournée en octobre, en Allemagne et Autriche, tous les déplacements se feront également en train, sauf depuis Munich, car l’Orchestre est attendu le lendemain à Hambourg pour le même programme.
Pour autant, l’orchestre est par nature un lieu vertueux : les instruments peuvent difficilement être associés à du consommable et sont rarement amplifiés. Les seuls besoins consistent à avoir des partitions (réutilisables), un peu de lumière dans la salle de concert… et bien-sûr les micros de France Musique pour partager la musique au plus grand nombre !
Gabrielle Oliveira Guyon