Les compositrices en majesté

Jeudi 7 septembre 2023
Les compositrices en majesté | Maison de la Radio et de la Musique
D’Hélène de Montgeroult à Camille Pépin, la Maison Ronde réaffirme son engagement auprès des compositrices, aussi bien en matière de création que de redécouverte d’un répertoire trop longtemps ignoré. 
  
Une place essentielle est donnée aux figures majeures de la musique contemporaine. Comme la Finlandaise Kaija Saariaho qui nous a quittés en juin dernier et qui est considérée comme l’une des plus grandes compositrices de notre siècle. Son langage très personnel déploie d’infinies couleurs et s’inscrit dans l’héritage de Debussy ou Dutilleux. Véritable pionnière, notamment dans le domaine de l’art lyrique, elle a franchi les portes de l’opéra avec des œuvres qui s’inscrivent durablement dans le répertoire. Comme L’Amour de Loin, joué au Metropolitan Opera de New York en 2016, seize ans après sa création à Salzbourg. Jamais l’institution américaine n’avait ouvert ses portes à une compositrice depuis Der Wald (La forêt) d’Ethel Smyth donné en 1903. Son dernier opéra Innocence (2021), accueilli au Festival d’Aix en Provence par une standing ovation, lui a valu une récompense aux Victoires de la Musique classique en 2022. La création française de ses Saarikoski Songs, une œuvre qui porte le nom du grand poète finlandais (Pentti Saarikoski), sera assurée par l’Orchestre Philharmonique de Radio France et Sakari Oramo.  
  
La Française Michèle Reverdy, passionnée, elle aussi, par la voix, a signé plusieurs opéras (Le château d’après Kafka, Médée d’après Christa Wolf…) Mais c’est dans une création pour chœur et orchestre,Crimen Amoris, d’après Verlaine, que le public pourra découvrir cette compositrice dont le catalogue est riche d’une centaine d’œuvres.    
  
Citons également à l’affiche de la saison, la polonaise Grażyna Bacewicz, auteur d’une œuvre sombre et exigeante, qui a vécu entre 1909 et 1969 et qui a étudié, dans les années 30, la composition auprès de Nadia Boulanger. Des solistes de légende comme Krystian Zimerman n’hésitent pas à s’emparer de sa musique. À ce titre, le rôle des grands interprètes est crucial dans la découverte de ce répertoire trop souvent mal-aimé. Quand le violoniste Gidon Kremer joue Offertorium de Sofia Goubaïdoulina en 1981, il la propulse sur la scène internationale. Cette fois, c’est le violoniste Renaud Capuçon qui s’empare de cette page spirituelle. 
  
La jeune scène contemporaine est aussi largement représentée. C’est avec une création mondiale de Camille Pépin que s’ouvre le quatrième concert de la saison. Chef de file de la jeune génération française dans l’Hexagone, elle figure parmi les rares femmes à avoir étudié la composition au CNSMD de Paris dans les années 2010. (Rappel historique : l’ouverture des classes de composition aux femmes date seulement de 1850). Dans son œuvre, l’amiénoise, née en 1990, tisse un profond rapport avec la nature. Comme en témoigne sa nouvelle partition qui porte le nom d’Inlandsis, un glacier continental des régions polaires. Les Américaines Caroline Shaw, plus jeune lauréate du prix Pulitzer pour Partita for 8 Voices, Jessie Montgomery ou Gabriella Smith, l’Ouzbèque Aziza Sadikova, la Lituanienne Justė Janulytė sont au programme, signe de la vitalité de la création internationale. 
  
Rendre leur place aux compositrices, c’est aussi faire découvrir les oubliées de l’histoire. « Un nom d’homme et vos partitions seraient sur tous les pupitres » déclarait Franz Liszt à sa disciple Marie Jaëll. C’est pourquoi la compositrice Mélanie Bonis (1858-1937) se fera appeler Mel Bonis. L’Orchestre Philharmonique de Radio France et Mikko Franck redonneront ses lettres de noblesse aux Femmes de légendes. Malgré les qualités et l’ambition de l’œuvre, elle ne sera pas diffusée de son vivant. Une occasion de redécouvrir cette compositrice ancrée dans son temps et dont les harmonies évoquent à s’y méprendre celles de Fauré ou Debussy.  
  
Au XIXe siècle, les œuvres de femmes avaient une portée limitée aux salons bourgeois. Rares étaient celles qui avaient accès à la forme symphonique. Louise Farrenc (1804-1875) fait partie des exceptions. Grâce notamment à son mari Aristide, éditeur qui s’engagera dans la diffusion et la promotion de l’œuvre de sa femme. Son Ouverture n°2 sera donné en préambule du Concerto pour piano « l’Empereur » de Beethoven.  
  
De l’autre côté de l’Atlantique, la situation n’était guère plus favorable. Née à Little Rock dans l’Arkansas, Florence Price (1887-1953) est la première compositrice afro-américaine à faire jouer sa musique par un orchestre américain, et pas des moindres : l’Orchestre symphonique de Chicago. Sa première symphonie est créée en 1933, dans une Amérique en pleine ségrégation ! La compositrice est alors âgée de 47 ans. La redécouverte de son œuvre date de 2009 ; on a trouvé cette année-là une réserve de manuscrit dans sa maison de vacances de l’Illinois. Raison de plus pour ne pas manquer Song of Hope, poème pour solistes, chœur et orchestre. 
  
Remontons le temps. Impossible de ne pas citer une autre pionnière : Hélène de Montgeroult (1764-1836).  A la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, première femme professeure au conservatoire de Paris, elle écrit plus de 600 pages de musique, dont une large part est dédiée au piano. Ses études pour cet instrument apparaissent-elles austères dans une époque qui ne jure que par l’opéra ? Ses succès restent confidentiels, et pourtant elle annonce Schubert et Chopin.  
  
L’oubli se propage même jusqu’à des compositrices auréolées de grands prix. Lili Boulanger est la première à avoir remporté le Prix de Rome en 1913. Au cours de sa brève existenceelle est morte à 24 anselle a su trouver, dans l’urgence de la maladie, son langage propre. D’un matin de printemps, au programme de la saison, est la dernière œuvre qu’elle a composée sans l’aide de sa sœur Nadia. Jusqu’au bout, elle aura été traversée par cette nécessité d’écrire. Nadia écrira : « en elle était vraiment toute la beauté de la vie, toute la force et toute la faiblesse. »  
  
La saison n’oublie pas le jeune public. Bonne nouvelle, Isabelle Aboulker met en musique les histoires du père castor. Plus d’excuse pour ne pas familiariser les jeunes oreilles à la création au féminin !  
  
Elsa Fottorino 

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