Ligeti, l’amoureux des labyrinthes

Mercredi 22 juin 2022
Ligeti, l’amoureux des labyrinthes | Maison de la Radio et de la Musique
Écouter György Ligeti, c’est embrasser l’histoire du XXe siècle.

Né en Roumanie dans une famille hongroise, Ligeti grandit dans l’ombre de Bartók. C’est d’ailleurs sous l’égide de son aîné qu’il compose son Quatuor n°1 en 1954. Le 28 octobre, le Quatuor Ébène interprétera cette partition riche en « métamorphoses nocturnes ». En 1956, Ligeti est contraint de fuir la Hongrie envahie par l’armée soviétique. Il le fait dans des conditions rocambolesques et gagne l’Autriche. Très vite, il s’intéresse à l’avant-garde, notamment au sein du studio de la Radio Ouest Allemande (WDR). Il y trouve son style « micropolyphonique », fait d’accords entrelacés qui glissent à la manière d’un tapis volant lumineux. Le cinéaste Stanley Kubrick ne s’y trompe pas en utilisant des extraits de Lux Aeterna (chanté le 1er juin par le Chœur de Radio France) pour illustrer les passages les plus psychédéliques de son film 2001, l’Odyssée de l’espace. En 1967, le compositeur connaît un nouvel aboutissement avec Lontano, immense dérive sonore où l’orchestre déploie des textures inouïes. Mais Ligeti n’aime pas se figer dans un style uniforme ou statique. Il réintroduit progressivement le rythme et la pulsation dans Clocks and Clouds (dirigé le 7 avril en compagnie de Lontano par Barbara Hannigan), rencontre détonante entre « horloges » et « nuages » pour chœur de femmes et orchestre.

Dans les années 70, le compositeur devient de plus en plus imprévisible. Désireux de s’éloigner de l’avant-garde musicale, qu’il juge trop autoritaire, il lance un gigantesque éclat de rire dans son opéra Le Grand Macabre. Les concerts du 25 novembre et du 11 février montreront le versant satirique, ironique, et parfois même franchement inquiétant de sa personnalité. Entamé par les Aventures et Nouvelles Aventures (1966), le goût ligetien de la caricature explose dans les Mystères du macabre (1977). Mais à l’instar d’un homme qui traverse tous les soubresauts du siècle, la dernière période sonne l’heure de la synthèse. 1993 est l’année du Concerto pour violon (joué le 25 novembre par Patricia Kopatchinskaja), qui allie tous les éléments d’un style unique : illusions acoustiques, virtuosité poussée à l’extrême, et même retour à une mélodie d’enfance dans l’émouvante Aria du deuxième mouvement. Après Le Grand Macabre, en bon amoureux des labyrinthes et mondes délirants, Ligeti projetait d’écrire un opéra « très fou, très profond et très léger » d’après Alice au pays des merveilles. Un siècle après sa naissance, le compositeur hongrois nous invite à passer de l’autre côté du miroir.
 
Laurent Vilarem
 
 
 

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