Un moment merveilleux est garanti à tous !

Racontez-nous comment vous avez conçu ce parcours ?
Marc Benaïche : J’ai essayé d’imaginer quelque chose qui soit très populaire et qui puisse parler à un public qui ne soit pas forcément fan des Beatles. Je voulais éviter l’exposition fétichiste où il n’y aurait que des objets reliés à l’album pour au contraire raconter une histoire, l’aventure extraordinaire de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band.
J’ai essayé de me rapprocher le plus possible de l’univers psychédélique de cet album, de l’esprit de l'année 1967 et j’ai donc imaginé un livre, comme un livre pop-up, où l’on déplie chaque double page et où des choses apparaissent, émergent. Il en résulte des installations interactives, audiovisuelles et des vraies pop-up qui sortent des cimaises.
Et comme nous sommes à Radio France et que c’est la première véritable exposition, il me semblait important que cette histoire soit racontée avec un point de vue journalistique et sous forme d’épisode radio. C'est donc la première exposition radio-guidée !
Benjamin Minimum : De mon côté, je voulais souligner, à travers cette exposition qui a une forme très technologique, la modernité du matériel de départ, ce disque fantastique qui a été révolutionnaire à l’époque et qui l’est encore aujourd’hui.
Il est riche sur le plan musical avec des innovations toujours utilisées aujourd’hui dans les studios d'enregistrement. Riche au niveau des textes aussi, qui sont fouillés, moins « yé-yé » que les albums précédents, et abordent des thématiques plus personnelles ou qui parlent de la vie de la génération, en rupture avec celle de leurs parents. Ce disque reflète cela et il est aussi au cœur d’une année charnière au point de vue de la création musicale autant que de la vie politique et sociale.
Marc Benaïche : On a voulu rendre un hommage à cet album qui est conçu comme une œuvre à part entière, en la déployant en trois dimensions dans cet espace et on sent justement ce côté concept. Et puisque c’est la première fois, avec cet album en 1967, qu’on a les paroles des chansons sur la pochette, on est véritablement dans une œuvre qui a une portée artistique et littéraire.
Benjamin Minimum : La pochette a été conçue par Peter Blake, un artiste du pop-art et pour la première fois, on avait une pochette qui s’ouvrait et ce n’était pas seulement pour contenir deux disques. Elle s’ouvrait pour montrer un univers, une époque et proposer un côté ludique avec des éléments à découper. C’était la première fois que ça se faisait à l’époque !
Avec cette exposition, quelle expérience souhaitez-vous faire vivre au visiteur ?
Marc Benaïche : C’est un peu une expérience de train fantôme, on rentre 4 par 4. Dans chaque pli, on n’est que 4, comme les 4 Beatles et l’idée, c’est que le visiteur puisse parcourir l’exposition en appréciant véritablement tout. On l'a conçu pour qu’elle soit entièrement vécue et expérimentée et que ça dure à peu près la durée de l’album. Chaque pli de ce pop-up correspond à une interaction, une expérience et un épisode radiophonique. Les visiteurs vont découvrir des petites surprises. Au début, ils sont filmés un peu à leur insu, puis pour déclencher un morceau, ils vont de voir se tenir la main, à un autre endroit, s’allonger pour un moment psychédélique et passer de casque en casque ! L’expérience doit être un bon moment de plaisir et d’ailleurs, on a eu à l'esprit pour chaque installation, la phrase qui se trouve tout en bas dans l’album, en 4e de couverture et qui dit « Splendid time is garanted for all », un moment merveilleux est garanti à tous !
Propos recueillis par Hélène Béraud