Une promenade à Rome

Mardi 27 septembre 2022
Une promenade à Rome | Maison de la Radio et de la Musique
Le 20 octobre, Riccardo Muti nous emmène, avec l’Orchestre National de France, sur les traces des Pins de Rome chers à Respighi.

C’est le chant en général, et l’opéra en particulier, qui vient à l’esprit dès qu’on évoque la musique italienne. Lieu commun ? Oui et non, car de Cavalli à Berio, via Alessandro Scarlatti, Rossini et bien d’autres, c’est à l’opéra que les compositeurs italiens ont confié leurs plus belles inspirations.

Certains cependant ont cultivé avec une belle constance la musique instrumentale : c’est le cas d’Ottorino Respighi, à qui l’on doit un célèbre triptyque inspiré par la ville de Rome, ses paysages et ses musiques, triptyque qui a occulté la plupart de ses autres partitions, et notamment ses opéras (Semirama, Belfagor, Lucrezia…).

Ottorino Respighi s’est ainsi rendu célèbre par ses tableaux symphoniques inspirés de Rome. Contemporain de Schönberg et de Ravel, Respighi a reçu une formation internationale qui l’a fait étudier au Liceo de Bologne (sa ville natale), puis à Saint-Pétersbourg (où il fut élève de Rimski-Korsakov et premier alto de l’Opéra), enfin à Berlin (où il travailla en compagnie de Max Bruch), avant de diriger l’Académie Sainte-Cécile de Rome de 1924 à 1926. On l’a qualifié de « romantique-impressionniste » sans trop essayer de préciser cette notion ; il est vrai que Respighi puise aux meilleures sources, de Monteverdi à Debussy, et fait son miel de l’ensemble de la culture européenne à la manière de son contemporain d’Annunzio. C’est de Rimski, sans doute, qu’il a hérité le goût des timbres et des atmosphères, qui sont la substance même des Fontaines de Rome, des Pins de Rome – mais aussi des Fêtes romaines. Ouvert à toutes les influences, Respighi s’efforça de se forger une esthétique propre en juxtaposant les souvenirs des musiques les plus diverses d’une manière imprévue : des ostinatos puissants se combinent chez lui à des emprunts au chant grégorien (il est d’ailleurs l’auteur d’un Concerto pour violon dit « grégorien »), comme si évoquer des atmosphères équivalait pour lui à se plonger dans l’histoire des rythmes et des sons.

Les Fontaines de Rome et Les Pins de Rome, créés successivement en 1917 et en 1924, ont enthousiasmé Toscanini, qui les fit entendre inlassablement. Les deux partitions sont pourvues de commentaires littéraires, de la main même du compositeur (en italien, en français et en anglais !), même si l’on peut écouter la musique, comme souvent dans ce cas, sans trop se préoccuper de son argument descriptif ou anecdotique. Quiconque est allé à Rome, avec ses jeux d’échos et ses collines, a fait l’expérience de ces plans sonores étagés qui font de la capitale italienne l’une des villes les plus naturellement musicales du monde.

Le premier cycle évoque, comme son titre l’indique, « les sensations et les visions (inspirées par) quatre fontaines de Rome, à l’heure où leur caractère est le plus en harmonie avec le paysage, et où leur beauté apparaît la plus suggestive ». Autant de paysages faits de cordes assourdies, puis de fanfares brillantes, d’effets marins (le cortège de Neptune !), de couleurs dorées. On n’oubliera pas que Puccini, au début du troisième acte de Tosca, avait déjà brossé un tableau symphonique de Rome le matin, avec ses cloches et ses oiseaux survolant la ville qui s’éveille.

Les Pins de Rome chantent non plus les pierres mais la nature, ou plutôt l’histoire telle que les pins peuvent en restituer la mémoire. Le premier mouvement évoque des danses et des rondes d’enfant : « Tous se grisent de cris comme des hirondelles le soir ; ils finissent par s’échapper en essaims. » Les cordes graves et mystérieuses du volet suivant introduisent un chant caressé par la harpe, cependant qu’une trompette vient trouer la nuit. On n’est pas loin des Tableaux d’une exposition de Moussorgski selon Ravel. La troisième pièce est peut-être la plus proche de certaines musiques qu’on qualifie, faute de mieux, d’« impressionnistes ». Cette fois, c’est la clarinette qui frémit, puis l’orchestre entier. C’est à la fin de cette pièce que l’enregistrement du chant d’un rossignol est prévu par le compositeur. La page finale évoque le pas lourd des armées romaines (l’œuvre fut écrite en 1923 : la « Marche sur Rome » n’est pas si éloignée !), avec un cor anglais pour évoquer un Orient de fantaisie puis des buccins antiques conduisant à la « montée au triomphe du Capitole », qu’on peut comparer à une ascension du Walhalla.

Cyril Passereau

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